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Snéfrou; La brillante du Sud
La construction de cette pyramide est considérée comme étant le premier pas vers la pyramide lisse. Par de nombreux points, elle diffère des autres pyramides lisses dites parfaites.
1-la double pente en est le premier point
2-le temple funéraire se trouve à 700m de la pyramide et une simple chapelle fait office de salle des offrandes dans le complexe lui même.
3- la chaussée est à ciel ouvert, elle mène du temple funéraire au mur d’enceinte de la pyramide
4-des vestiges d’une seconde chaussée ont été retrouvés, ce qui prouverait qu’un temple d’accueil devait exister, plus bas dans la vallée.
5-la pyramide possède deux entrées, une au Nord et une autre à l’Ouest, fait unique dans l’histoire de ce type de monuments.
6-si elle possède deux entrées, elle possède aussi deux chambres funéraires.
La pyramide n’est pas la première à être lisse, celle de Meïdoum lui serait antérieure. Snéfrou ayant terminé le travail de son père Houni qui avait commencé une pyramide à degrés. Mais c’est le premier essai réalisé dans ce sens, celui d’une pyramide lisse. Dans cet édifice, ont trouvera plusieurs avancées techniques et architecturales.
1-le parement extérieur lisse, bien entendu
2-les appartements funéraires qui se trouvent dans la masse de la pyramide
3-les plafonds en encorbellements des chambres funéraires sont sur quatre faces
4-les fermetures des couloirs d’accès par blocs bouchons et herses.
5-la dernière prouesse technique étant celle d’avoir réussi à sauver le chantier au moment de changer l’inclinaison du bâtiment.
L’édifice est la pyramide la mieux conservée de toutes celles construites, en effet, elle a gardé plus des deux tiers de son revêtement de calcaire fin de Tourah, ce qui nous permet d’avoir une vue sur le mode de construction.
Elle mesure 188m de base pour 101m de hauteur, avec une inclinaison de 54,34° jusqu’à 49m et 43,21° jusqu’au sommet. Sa forme particulière lui a valu le nom de pyramide rhomboïdale (de forme d’un losange, pour simplifier) en français et bent pyramid (pliée) en anglais. Les Anglais ne s’embarrassent pas, ils ont peut être raison.
Les blocs de calcaires du parement sont inclinés vers l’intérieur d’un angle variant de 7° à 13° environ. Ils ont été retirés par les carriers qui avaient là un stock de pierres faciles à extraire. Des signes d’instabilité les ont forcé à arrêter l’extraction, un premier signe. On entre au Nord à environ 11,80m du sol. Cette entrée est remarquable, la pierre la constituant est de grandes dimensions : 3,18mx 1,50m, elle est la seule à être restée visible dans le parement extérieur. On a retrouvé des traces de gongs pouvant avoir accueilli une porte de bois. L'entrée ouvre sur un couloir descendant de 78,60 m et d’une pente de 28° sur les 12,60 premiers mètres puis de 26°, on y trouve les premières dalles posées en encorbellement. Le couloir conduit à un corridor dont le sol est situé à 22,40 m au-dessous du niveau du sol. Ce corridor est haut de 12,60 m et possède une voûte en encorbellement. La chambre inférieure est surélevée de 6,75 mètres10 par rapport à celui-ci et montre une parfaite maîtrise de la part de ses concepteurs en matière de répartition des charges. Le toit de cette chambre, culminant à 17,30 m en son point le plus haut, est une voûte en encorbellement innovante puisque la technique est appliquée, non plus sur deux faces comme à la pyramide de Meïdoum, mais sur les quatre faces et édifiée en pierres calcaires. On y a repéré des traces de fissures colmatées avec du plâtre qui ont dû survenir, d’après eux, durant la construction de la chambre. Deuxième signe. La chambre inférieure donne accès au Sud par un conduit qui aboutit à un puits de 8,90m qui était à l’origine une superposition de deux cavités obturées par des herses, un bloc de calcaire ayant été retrouvé sur place. On a découvert une corde de papyrus qui indiquait l’ouverture d’une galerie creusée dans la maçonnerie et qui aboutissait au corridor supérieur entre les deux herses. Des traces d'escalier maçonné sont encore visibles sur les parois du corridor précédant la chambre inférieure. Ce fait a conduit les architectes à supposer que les constructeurs ont aménagé un immense escalier d'accès à la galerie de liaison, escalier qu'ils auraient ensuite entièrement démonté rendant impossible l'accès au niveau supérieur. Jusqu'en 1951, l’entrée Ouest était inaccessible et dissimulée sous le revêtement de la pyramide. Elle est décalée de l’axe de la pyramide et culmine à une hauteur de 33,20 m. Le couloir descend sur 67,60 m avec une pente de 30°' sur les 21,80 premiers mètres puis de 24°. Cette descenderie est dotée, sur son extrémité basse, d'une cavité aménagée dans le sol et de 1,28 m de profondeur. Le couloir descendant était obstrué sur toute sa longueur par de gros blocs de calcaire jointés avec du plâtre sur leur côté ouest, et ce, jusqu'au dégagement de 1946 à 1951. La descenderie supérieure de la pyramide rhomboïdale fait la liaison avec un tronçon horizontal long de 20 m entrecoupé par deux passages à herses. Il s'agit des premiers systèmes de fermeture avec herse sur plan incliné. Seule la première herse a rempli sa fonction. Elle fut plâtrée à l’intérieur comme à l’extérieur, ce qui permet de conclure que les anciens Égyptiens utilisèrent la galerie improvisée (ainsi que la descenderie ouest) pour sceller le tombeau. Entre les deux passages à herse, Abdessalam Mohammad Hussein, intrigué par la présence de plâtre, souleva une dalle du sol et découvrit sous celle-ci un large puits rectangulaire et bien maçonné s'enfonçant sur 4m jusqu'au niveau du sol rocheux. La destination de cet élément reste un mystère. Toujours dans cette partie du couloir horizontal, subsistent cinq paires d'encoches placées en vis-à-vis sur les murs latéraux. La galerie de liaison entre les deux distributions débouche ici dans le mur latéral nord, juste après le puits. Le tronçon aboutit sur la chambre dite supérieure, possédant comme la chambre inférieure, une voûte en encorbellement sur ses quatre faces mais de moins bonne facture que la chambre inférieure. Le sol de cette crypte avait été exhaussé de 4,20 m par une maçonnerie de petits blocs de pierre. Une grande partie de cette maçonnerie a été dégagée durant les fouilles de 1946-47 et a laissé apparaître une imposante charpente en cèdre vieille de près de 4600 ans.
Dans le couloir descendant les archéologues ont découvert une boite contenant les restes momifiés d’une chouette et de cinq chauves souris.
Fakhry a relevé un fait surprenant induisant l'existence d'une troisième connexion à l'extérieur de la pyramide et restant à découvrir. La descenderie supérieure (Ouest) est restée obstruée jusqu'à son dégagement en 1946 par Hassan Mustapha. La descenderie était alors comblée sur toute sa longueur de gros blocs de calcaire jointés et la première herse en position fermée, était également plâtrée sur ses deux versants. Or, par temps de grand vent, de nombreux explorateurs depuis Perring, ont été témoins d'un bruit persistant quelques secondes, bruit que l'on entendait particulièrement au niveau du tronçon horizontal entre les deux passages à herse. Perring nota également un très important courant d'air.
La disposition inhabituelle des appartements funéraires, les particularités architecturales et les artefacts découverts ne lassent pas de surprendre. Il s'agit sans aucun doute de l'infrastructure la plus complexe après celle de la pyramide de Khéops et à l'instar de celle-ci, aucune explication satisfaisante n'a encore été proposée quant aux intentions des constructeurs.
Le temple haut n’est, en fait, qu’une chapelle d’offrandes, il possédait deux grandes stèles qui mesuraient 9m. Il possédait trois autels gravés dans le temple lui même. Fait exceptionnel dans l’architecture des pyramides, le véritable temple funéraire est situé à 700m de la pyramide et l’accès en est la chaussée. Il mesure 47mX25. Le bâtiment est composé de 3 parties, une antichambre, une cour avec piliers et 6 chapelles. On y a retrouvé une célèbre statue en très haut relief du roi, elle est exposée au musée du Caire. Le temple bas n’est pas le temple d’accueil comme pour les complexes qui vont suivre, on suppose qu’une autre chaussée menait au véritable temple d’accueil, mais aucune trace n’a été découverte pour le moment. Les deux temples furent restaurés et réactivés durant la 12ème dynastie.
Mais alors, pourquoi cette pyramide possède t’elle deux pentes ? Elle est installée sur un terrain meuble, au centre de l’édifice, sur les bords, le terrain est solide. À partir d’un certain niveau de la construction, environ à la moitié de la hauteur, le sous-sol n’a pas résisté à la masse énorme de la pyramide et des fissures sont apparues dans les galeries d’accès, les points faibles. Deux solutions, arrêter la construction ou la terminer en modifiant la pente. La pente étant modifiée, la masse du bâtiment en était réduite d’autant. Snéfrou a t’il été furieux ? Rien n’est moins sur. Il en profitera pour terminer la pyramide du Nord, et elle, sera la vrai première pyramide à faces lisses.
La description de l'intérieur de la pyramide a été empruntée à wikipedia.
Vue de la pyramide avec son revêtement en calcaire de Tourah.
Détail
Le temple funéraire haut avec les deux stèles, wikipedia.
Références :
Pyramides, temples et tombeaux de l’Égypte ancienne, Richards Lebeau, Autrement
La fantastique histoires des bâtisseurs de pyramides, Zahi Hawass, éditions du rocher.
Les grands sages de l’Égypte ancienne, Christian Jacq, Tempus.
L’Égypte des grands pharaons, Christian Jacq, Tempus.
Dictionnaire des pharaons, Pascal Vernus et Jean Yoyotte. Tempus.
L’Égypte au temps des pyramides, Guillemette Andreu, Hachette.
Histoire de l’Égypte ancienne, Nicolas Grimal. Fayard
Égypte, sur les traces de la civilisation pharaonique, H.F.Ullman.
Les grandes pyramides chroniques d’un mythe, J.P. Corteggiani, Gallimard.
Lire et comprendre les hiéroglyphes, Hilary Wilson, Tchou.
Paysages et paradis de l’autre monde selon l’Égypte ancienne, Christian Jacq, Maison de vie.
Djéser et la IIIème dynastie, Michel Baud, Pyagmalion.
Les cahiers de sciences et vie.
Dossiers d’archéologie.
Et diverses recherches personnelles sur le net.
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