Prologue :
Enseignement du directeur de la ville, le vizir Ptah-Hotep, sous la majesté de celui du jonc et de l’abeille, Isesi, qu’il vive selon l’éternité des cycles et l’éternité de l’instant, le directeur de la ville, le vizir Ptahhotep il dit :
Un extrait du papyrus Prisse, http://fr.wikipedia.org/wiki/Papyrus_Prisse
Souverain, mon maître, la vieillesse est advenue, le grand âge s’est abattu, l’épuisement est arrivé, la faiblesse se renouvelle. Il passe chaque jour à dormir, comme retombé en enfance. La vue baisse, il devient dur d’oreilles, la force vient à manquer, le cœur est las, la bouche est silencieuse, elle ne parle plus, le cœur n’est plus, il ne se souvient plus d’hier, toute l’ossature fait souffrir, le bon se transforme en mauvais. Chaque goût disparaît. L’action de la vieillesse sur le genre humain est mauvaise sous tous rapports. Le nez est bouché, il ne respire plus, il est aussi pénible de se lever que de s’asseoir. Qu’il soit décrété que le serviteur ici présent façonne un bâton de vieillesse ; puissé-je lui dire les paroles de ceux qui écoutent, les directives de ceux qui sont devant et qui, jadis, écoutèrent les paroles divines. Puisse l’agir être semblable pour toi ; que les conflits soient repoussés à l’écart des gens simples, que les deux rives travaillent pour toi. La majesté de ce dieu a dit : Quant à toi, enseigne lui la parole de la tradition. Puisse-t-il agir comme un modèle pour les enfants des grands, que pénètrent en lui l’entendement et la justesse de chaque coeur, de qui lui parle, car il n’existe pas de sage de naissance.
Les maximes de la parole accomplie:
Début des maximes de la parole accomplie, qu’a prononcée le noble, le chef, le père divin, l’aimé du dieu, le fils aîné de pharaon, de son corps, le chef de la ville, le vizir Ptah-Hotep, en enseignant la connaissance à l’ignorant, et la loi de la parole accomplie ; voilà ce qui est lumineux pour qui entendra, mais nuisible pour qui passera outre.
De l'humilité et la découverte des paroles parfaites.
Il dit à son fils: Que ton cœur ne soit pas vaniteux à cause de ce que tu connais ; prends conseil auprès de l’ignorant comme auprès du savant, car on n’atteint pas les limites de l’art, et il n’existe pas d’artisan qui ait acquis la perfection. Une parole parfaite est plus cachée que la pierre verte; on la trouve pourtant auprès des servantes qui travaillent sur la meule.
De l'art du débat avec un supérieur.
Si tu rencontres un débatteur en action, qui dirige son cœur et qui est plus habile que toi, plie tes bras et courbe ton dos; ne sais pas ton cœur contre lui car tu ne l’égaleras pas. Puisses tu abaisser celui qui s’exprime mal en ne t’opposant pas à lui lorsqu’il agit ; c’est ainsi qu’il sera désigné comme un ignorant dès que ton cœur aura supprimé sa surabondance.
De l'art du débat avec un égal.
Si tu rencontres un débatteur en action, ton égal, celui qui est à ton côté, agis en sorte que ta supériorité sur lui se manifeste par le silence, alors même qu’il parle mal. Ceux qui l’écoutent penseront beaucoup de mal de lui, alors que ton renom sera parfait dans l’esprit des grands.
De l'art du débat avec un inférieur.
Si tu rencontres un débatteur en action, un homme de peu qui n’est certes pas ton égal, que ton cœur ne soit pas agressif contre lui à cause de ta faiblesse. Place le à terre, et il se punira lui-même. Ne lui réponds pas pour soulager ton cœur, ne lave pas ton cœur à cause de celui qui s’oppose à toi. Misérable est celui qui fait du mal à un homme de peu. On désire agir conformément à ce que tu désires et tu le frapperas de la désapprobation des grands.
De l'art du débat avec un égal.
Si tu rencontres un débatteur en action, ton égal, celui qui est à ton côté, agis en sorte que ta supériorité sur lui se manifeste par le silence, alors même qu’il parle mal. Ceux qui l’écoutent penseront beaucoup de mal de lui, alors que ton renom sera parfait dans l’esprit des grands.
De l'art du débat avec un inférieur.
Si tu rencontres un débatteur en action, un homme de peu qui n’est certes pas ton égal, que ton cœur ne soit pas agressif contre lui à cause de ta faiblesse. Place le à terre, et il se punira lui-même. Ne lui réponds pas pour soulager ton cœur, ne lave pas ton cœur à cause de celui qui s’oppose à toi. Misérable est celui qui fait du mal à un homme de peu. On désire agir conformément à ce que tu désires et tu le frapperas de la désapprobation des grands.
De l'art d'être un chef en respectant la règle.
Si tu es un guide, chargé de donner des directives à un grand nombre, cherche, pour toi, chaque occasion d’être efficient, de sorte que ta manière de gouverner soit sans faute. Grande est la règle, durable son efficacité. Elle n’a pas été perturbée depuis le temps d’Osiris. On châtie celui qui transgresse les lois, même si cette transgression est le fait de celui au cœur rapace. L’iniquité est capable de s’emparer de la quantité, mais jamais le mal ne mènera son entreprise à bon port. Celui qui agit mal dit : j’acquiers pour moi-même ; il ne dit pas : j’acquiers au bénéfice de ma fonction. Quand vient la fin, la règle demeure. C’est ce que dit un homme juste : tel est le domaine de mon père spirituel.
De la vanité des manoeuvres humaines.
Ne te livre pas à une machination contre l’espèce humaine, car dieu châtie pareil agissement. Qu’un homme dise « je vivrai ainsi », et il sera privé de pain pour la bouche. Qu’un homme dise « je serai riche », et il dira ensuite « mes perceptions m’ont piégé » . Qu’un homme dise « je vais voler autrui » et, en fin de compte, il fait un don à celui qui ne connaît pas ! Les manoeuvres du genre humain ne s’accomplissent pas, c’est ce que dieu ordonne qui s’accomplit. Pense à vivre en paix avec ce que tu as et ce qu’ils donnent viendra de soi-même.
Des manières de tables.
Si tu es un homme qui fait partie de ceux qui sont assis à table d’un plus grand que toi, accepte ce qu’il donne, de la manière dont cela sera placé devant ton nez. Regarde ce qui est devant toi, ne te disperse pas par quantité de regards ; c’est l’abomination du ka que d’être harcelé. Ne lui adresse pas la parole avant qu’il ne t’appelle ; on ne sait pas s’il est en mauvaise disposition du cœur . Parle lorsqu’il s’adresse à toi, et que ton discours rende le cœur heureux. Quant au grand, assis derrière les pains, que son comportement se conforme à la directive de son ka. Il fera un don à celui qu’il distingue ; c’est la coutume à la tombée de la nuit. C’est le ka qui étend ses bras. Le grand fait un don à celui qui a atteint la condition d’homme de qualité. Les pains sont mangés conformément à la volonté de dieu, c’est l’ignorant qui s’en plaindrait.
Du respect de la mission confiée.
Si tu es un homme de confiance, qu’un grand envoie à un grand, sois tout à fait scrupuleux quand il t’envoie ; transmets pour lui le message comme il l’a formulé, garde toi de forcer sur les mots, de peur de brouiller un grand avec un grand. Tiens t’en fermement à la règle, ne l’outrepasse pas ; le lavement du cœur ne doit certes pas être répété. Ne parle contre personne, grand ou petit, c’est l’abomination du ka.
Du nécessaire silence du riche et de l'heureuse destinée de qui n'a pas d'enfants.
Si tu laboures, et si la croissance s’effectue dans le champ, parce que dieu la donne en abondance dans ta main, n’en aie pas plein la bouche auprès de ton voisinage, car l’on éprouve un grand respect pour le silencieux. Si un homme de caractère est possesseur de biens, il accomplit l’acte de posséder comme un crocodile, même dans la cour de justice. Ne pose pas de réclamation pour qui est sans enfants, ne critique pas le fait de ne pas en avoir, n’émets pas de vantardises sur le fait d’en avoir; il y a maint père dans l’affliction, de même que mainte mère qui a enfanté, alors qu’une autre sans enfant est plus sereine qu’elle. C’est celui qui est seul dont dieu permet la mutation, alors que le patron d’un clan familial prie avec anxiété pour qu’on prenne sa suite.
De la nécessité de placer sa confiance en un être de qualité.
Si tu es un faible, suis un homme de qualité, digne de confiance ; toute ta conduite s’en trouvera bien vis-à-vis de dieu. Si tu apprends que cet homme était auparavant d’humble condition, n’aie pas le cœur arrogant à son égard, à cause de ce que tu sais de sa condition antérieure. Crains le avec respect conformément à ce qui est advenu de lui, car les choses ne viennent certes pas d’elles mêmes. Quant à l’opulence, que l’homme de qualité l’obtienne lui-même. C’est dieu qui fait qu’il soit un être de qualité et qui le protège, même quand il dort.
De la nécessité de suivre le coeur et de ne pas gaspiller son énergie dans les tâches matérielles.
Suis ton cœur le temps de ton existence, ne commets pas d’excès par rapport à ce qui a été prescrit, n’abrège pas le temps de suivre le cœur. Gaspiller son moment d’action est l’abomination du ka. Ne détourne pas ton action quotidienne de manière excessive pour l’entretien de ta maison. Adviennent les choses, suis le cœur ; les choses ne profiteront pas au négligent.
Du comportement envers un fils spirituel.
Si tu es un homme de qualité en qui on peut avoir confiance, puisses tu façonner un fils spirituel avec la faveur de dieu. S’il est en rectitude s’il se conforme à ta manière d’être, et s’il prend soin de tes biens en bon ordre, accomplis pour lui toute sorte de bonté. C’est ton fils, il appartient à la semence de ton ka. Ne sépare pas ton cœur de lui. Mais la semence d’un homme peut engendrer le conflit. S’il va dans la mauvaise direction, s’il transgresse tes recommandations, et désobéit de manière insolente à tout ce qui est dit, si sa bouche débite des paroles méprisables, chasse-le, il n’est pas ton fils. Mets le au travail pour la totalité de son discours. Lui qui s’est montré hostile
envers toi subira leur défaveur, une entrave lui fut infligée alors qu’il se trouvait dans le ventre. Celui qu’ils guident ne peut pas s’égarer, celui qu’ils privent de barque n’aura pas la possibilité de traverser.
De l'attitude à la cour de justice.
Si tu te trouves dans le porche où l’on rend la justice, soit debout ou assis, conformément à la procédure, qui te fut ordonnée le premier jour. Ne force pas le passage, tu seras repoussé. Perçante doit être la vue de celui qui entre après avoir été annoncé, large est le siège de celui qui fut appelé. Le porche où l’on rend la justice est conforme à la rectitude ; toute conduite doit être conforme au fil à plomb, c’est dieu qui avance le siège. Ne seront pas installés ceux à qui on prête trop l’épaule.
Du coeur qui rend heureux et du ventre qui condamne au malheur.
Si tu es en compagnie de gens, procure toi des alliés en tant qu’homme digne de confiance qui atteint le cœur ; celui qui atteint le cœur est celui qui ne contourne pas le langage dans son ventre. Il deviendra un homme qui commande lui-même, un possesseur de bien grâce à son comportement. Que ton renom soit bon sans que tu en parles. Ton corps sera nourri, ton visage se tournera vers tes proches, et l’on t’offrira ce que tu ignorais. Le cœur de celui qui écoute son ventre disparaît ; il suscitera à son égard, le dédain au lieu de l’amour. Le cœur sera dénudé et son corps ne sera pas oint. Celui au grand cœur est un don de dieu, celui qui obéit à son ventre obéit à l'ennemi.
De l'art de communiquer.
Transmets tes directives sans avaler le cœur, et donne ton avis dans le conseil de ton maître. S’il s’exprime d’abondance, il ne sera pas difficile au messager de faire son rapport, et il ne lui sera pas répondu : « qui est donc celui qui est informé ? ». En ce qui concerne le grand, ses biens péricliteront s’il pense à le punir à cause de cela, aussi se taira-t-il en concluant « j’ai dit ».
De l'art de gouverner.
Si tu es un guide, que ta manière de gouverner voyage librement au moyen de ce que tu as ordonné. Tu dois accomplir des choses élevées. Songe aux jours à venir ensuite, qu’un malheur ne survienne pas au milieu des faveurs ; comme un crocodile émerge, la défaveur se produit.
De la nécessité d'écouter les requêtes.
Si tu es un guide, écoute sereinement le discours de celui qui t’adresse une requête ; ne le repousse
pas, jusqu’à ce qu’il ait purgé son ventre de ce qu’il songeait à dire. Celui qui est accablé d’injustice désire que son cœur soit lavé, plus que la réalisation de ce pourquoi il est venu. Quant à qui repousse celui qui adresse des requêtes, on dira « pour quelle raison les rejette-t-il ? » Il n’est pas possible que toutes les requêtes aboutissent, mais une bonne écoute aplanit le cœur.
Du danger de la séduction.
Si tu désires faire durer l’amitié, dans une demeure où tu as tes entrées, comme maître, comme frère ou comme ami, ou en tout lieu où tu as tes entrées, garde-toi de t’approcher des femmes. Ce n’est pas bon là où le fait se produit. La vue n’est jamais assez aiguisée lorsqu’elle les repère. Des milliers d’hommes se sont détournés de ce qui leur est profitable. Un court instant de plaisir, semblable à un rêve, et le mort t’atteindra pour les avoirs connues. C’est une mauvaise maxime que
: « lance un trait contre l’adversaire » ; quand on s’apprête à agir ainsi, que le cœur écarte cette intention. Quant à celui qui échoue continuellement en les convoitant, aucun de ses dessins ne réussira.
De l'avidité : mal incurable.
Si tu désires que ta conduite soit bonne, délivre toi de tout mal ; combats toute occasion d’avidité de cœur. L’avidité est la maladie grave d’un incurable ;Y pénétrer est impossible. L’avidité sème le malheur parmi pères et mères, et parmi les frères de la mère, elle sépare l’épouse du mari. L’avidité est la réunion de toutes les sortes de mal ; c’est un sac qui contient tout ce qui est haïssable. L’homme est posé s’il applique correctement la règle, et va son chemin conformément à la marche à suivre. Aussi fera-t-il l’état de ses biens, alors que l’avide de cœur n’aura pas de tombe.
De la juste attitude envers l'avoir.
Ne sois pas avide de cœur en ce qui concerne le partage des biens, ne sois vorace que de tes biens personnels. Ne sois pas avide de cœur envers tes proches ; plus ample est la juste revendication de l’homme doux que celle injuste de l’homme rude. Ce dernier, bien peu échoit de ses proches, car il est privé de ce qu’apporte la parole. Un peu d’avidité suffit à faire naître l’esprit de querelle chez l’homme au ventre froid.
De l'amour et du respect dus à l'épouse.
Si tu es un homme de qualité, fonde ta demeure, aime ton épouse avec ardeur, remplis son ventre, habille son dos, l’huile est un remède pour son corps. Allonge son cœur le temps de ton existence. Elle est une terre fertile, utile pour son maître. Ne décide pas pour elle, éloigne la du puissant qui la spolierait. Son œil est le vent ; regarde la, et tu la feras rester dans ta maison. Si tu la repousses, voici les larmes ! Le vagin est l’une de ses formes d’action ; ce qu’elle impose, c’est que soit fait pour elle un canal.
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